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Marie Quenet

Marie se réveilla précipitamment. Le bruit strident de la cloche d'alarme venait de la tirer de ses songes. La jeune femme savait ce qu'elle devait faire et allait obéir parfaitement aux ordres, même si, par une pointe d'égoïsme, elle aurait voulu continuer de dormir. Elle ne savait à quand remontait la dernière nuit entière qu'elle avait passé... probablement une semaine, tout au plus. Cela faisait au moins sept jours que la cloche ne cessait de retentir, alertant les membres de l'équipe médicale d'une arrivée de soldats blessés. Dans ces cas là, ils affluaient par vague, quelques soirs il se pouvait qu'une vingtaine d'hommes débarque au camp... Marie chassa ses pensées, elle n'était pas à blâmer. Elle pensait à ces soldats, à leur quotidien qui était bien pire que le sien. La jeune femme retira le drap fin qui recouvrait son corps et quitta son lit en métal qui lui provoquait bon nombres de mal de dos. Sa longue chemise de nuit blanche retomba jusqu'au dessous de ses genoux tandis que ses pieds rencontrèrent le carrelage froide et humide. Un frisson parcouru son corps. Elle s'avança, enfila sa blouse, ferma sa ceinture qui marquait à présent sa taille fine puis traversa sa chambre. L'infirmière passa l'encolure de la porte et attrapa ses escarpins noirs, seule paire de chaussure qu'elle avait emmené ici. Elle emprunta le long couloir et au passage, jeta un bref coup d’œil dans le miroir. Ses cheveux bruns aux légers reflets roux étaient légèrement bouclés et lui arrivaient aux épaules. A l'extérieur, personne n'aurait trouvé une négligence, cette coupe de cheveux lui allait à ravir. Néanmoins, Marie repéra quelques mèches pas à leurs places qu'elle jugea bon de replacer. Elle se dévisagea un court instant et soupira lorsqu'il vit ses yeux bleus ordinairement ronds et d'une certaine lueur désormais plissés et encore endormis. Elle détourna le regard de son reflet et se dirigea vers la salle qui allait accueillir les soldats.

Quel brouhaha c'était dans le bâtiment... On entendait les gens s'affairer, les soldats crier, d'autres agonisaient, il était difficile de se concentrer. Marie approcha d'un pas franc, prête à aider un homme, telle était sa destinée et elle le savait. Elle vivait pour ça et elle adorait ça. Alors, sans aucune hésitation, elle s'avança.

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